vendredi 13 juin 2008

Les oubliés du miracle irlandais ont massivement voté non


Le "Tigre celtique" les avait relégués au second plan, le non au traité de Lisbonne les remet sous les feux de la rampe: ce sont les oubliés du boom économique irlandais, les électeurs des quartiers pauvres de la capitale et des campagnes éloignées des centres financiers et des usines high-tech.
A Dublin, les circonscriptions ouvrières du centre-ville et des quartiers ouest ont voté non, tandis que les banlieues aisées figurent parmi les rares portions du pays à avoir soutenu le mini-traité européen. "J'habite à Ballyfermot et je n'ai reçu aucun prospectus pour le oui dans ma boîte aux lettres", affirme Tony O'Connell. Ce "job coach" de l'agence pour l'emploi du quartier ajoute: "La réalité de la vie –la violence, l'alcoolisme, la drogue– ne touche pas les zones qui ont voté oui."


"Je craignais la privatisation du service de santé"


Ballyfermot est de ces quartiers à la réputation crasseuse qui nourrissent les romans de Roddy Doyle et les pages "faits divers" des tabloïds. Pour O'Connell:
"Ici, c'était un point noir dans les années 1980 et le quartier ne s'est jamais débarrassé de cette étiquette, malgré le boom. Des tas de jeunes quittent l'école, très peu vont à l'université."
Dans les rues, les affiches du non règnent en maîtres. Pas un seul "yes" en vue. Selon le job coach, seuls les élus de Sinn Féin, le parti nationaliste de gauche autrefois associé à l'IRA, sont venus faire campagne devant le centre commercial local –contre le traité.
A quelques rues de l'agence pour l'emploi, Nicola, une jolie rousse de 26 ans, promène ses deux enfants avant la pluie qui menace. La naissance du troisième est pour bientôt: "Je suis contente que ce soit non. Je craignais la privatisation du service de santé", déclare-t-elle. Elle explique que le quartier abrite de nombreuses personnes âgées et des familles qui bénéficient d'une prise en charge publique de leurs frais médicaux, une couverture réservée ici aux revenus les plus modestes.
"J'ai aussi entendu parler de la guerre. Avec tout ça, pas étonnant que la majorité ait voté non", ajoute-t-elle. Les projets de Défense européenne ont en effet hérissé les partisans de la neutralité irlandaise pendant toute la campagne, malgré l'exemption d'obligations militaires obtenue par l'Irlande après un premier non au traité de Nice en 2001.


"Je n'ai pas compris un iota du texte"


Dans un pays en plein coup de frein économique, les inquiétudes s'accumulent pour les habitants des quartiers défavorisés. L'ANPE irlandaise organise justement cette semaine un forum de l'emploi à l'étranger pour les ouvriers du bâtiment, dont les employeurs licencient à tour de bras. Après plusieurs années d'embauche massive de plombiers polonais et autres maçons lettons pour alimenter la frénésie immobilière du pays, les Irlandais se voient désormais proposer des jobs sur les chantiers de Stockholm, Bruxelles ou... Varsovie.
Mais pour Tony O'Connell, la raison principale du rejet du traité reste l'incompréhension des électeurs devant un texte illisible. "J'ai voté non à ce traité pour deux raisons, dit-il. La première: je n'en ai pas compris un iota. La seconde: je me suis dit que les Français, les Allemands, etc. devraient aussi pouvoir en débattre. On ne peut pas contourner la démocratie."
Source : rue89.com
Référendum irlandais: clôture du scrutin, les Européens suspendus au résultat


Jeudi 12 juin 2008, 23h48.Les bureaux de vote ont fermé jeudi soir en Irlande après un référendum-couperet sur le traité européen de Lisbonne, laissant près de 500 millions d'autres Européens suspendus au résultat d'un scrutin à l'issue très incertaine qui ne sera pas connu avant vendredi.
Le scrutin a été clos à 22H00 (21H00 GMT), après quinze heures de vote. Le décompte ne commencera que vendredi à 09H00 (08H00 GMT) pour des résultats attendus en fin d'après-midi.
Le Premier ministre français François Fillon a estimé jeudi soir qu'il n'y aurait "plus de traité de Lisbonne" en cas de rejet du texte par les Irlandais "sauf à reprendre le dialogue avec le peuple irlandais". "On verra l'initiative qu'il faudra prendre", a ajouté le Premier ministre sur France 2.
Son homologue irlandais Brian Cowen s'était dit "confiant" jeudi après-midi en allant voter à Tullamore (centre). Les récents sondages donnent le "oui" et le "non" au coude à coude, voire le "non" en avance. "J'ai mené (la campagne) du mieux que j'ai pu, ... j'ai parcouru tout le pays, j'ai parlé de tous les problèmes", a-t-il déclaré aux journalistes.

L'Irlande est le seul des 27 à se prononcer par référendum, comme l'y oblige sa constitution. Les autres pays ont opté pour une ratification parlementaire, ce que 18 capitales ont déjà fait.
En Grande-Bretagne, où le Premier ministre Gordon Brown a refusé d'organiser un référendum malgré les demandes pressantes de l'opposition, le processus de ratification au Parlement va se poursuivre, que les Irlandais votent pour ou contre le traité, a indiqué à l'AFP une source diplomatique.
La perspective d'un rejet du traité par 4,2 millions d'Irlandais, soit moins de 1% des 495 millions d'Européens, a réveillé le spectre du rejet de la Constitution européenne en 2005 par la France et les Pays-Bas, ainsi que de celui du traité de Nice, lors d'un référendum en 2001 en Irlande.

Il avait alors fallu organiser un deuxième vote sur l'île pour faire adopter le texte. Mais il n'y aura pas de second référendum cette fois-ci, a assuré le gouvernement.
Certains "nonistes" ont prédit une hausse de l'imposition, la fin de la neutralité militaire irlandaise, voire l'obligation de légaliser l'avortement, encore interdit en Irlande. Des craintes démenties par les partisans du "oui".

Mais une des raisons principales du "non" est la méconnaissance qu'ont les électeurs du traité, si l'on en croit les récentes enquêtes.
"Si vous ne comprenez pas, vous devez voter non", confirme Donald O Donahue, votant à Drumcondra, coeur ouvrier et populaire de Dublin et "capitale du non" lors du référendum de 2001. "Je ne vais pas signer un contrat que je ne comprends pas", expliquait le quinquagénaire.
Conscient que la participation sera une des clefs du scrutin, l'Irish Times a appelé ses lecteurs à "exercer (leur) droit de vote". Le quotidien rappelle que, lors du référendum de 2001, une participation inférieure à 35% avait permis à "une minorité" de "non" d'entraîner un rejet du traité de Nice.

Aucun chiffre officiel de participation n'était disponible jeudi tard dans la soirée mais une estimation de la radio-télévision irlandaise RTE faisait état d'une participation d'environ 40%, soit seulement quelques points de plus que le plus-bas atteint en 2001.
Le camp du "oui" regroupe l'ensemble des formations parlementaires, à l'exception du parti nationaliste Sinn Féin, qui ne compte que quatre députés sur 166.
Mary Lou McDonald, responsable de la campagne du Sinn Féin, a dit "espérer un forte participation", citée jeudi sur le site internet de l'Irish Times. Egalement sur ce site, l'homme d'affaires Declan Ganley, fer de lance du "non", a appelé les Irlandais à envoyer "un message clair" à Bruxelles en vue d'une renégociation du traité pour qu'il soit plus démocratique, responsable et transparent.


Référendum :

L'Union européenne suspendue au vote des Irlandais sur le traité de Lisbonne

Trois millions d'électeurs doivent se prononcer sur le traité simplifié lors d'un référendum à l'issue très incertaine. Un rejet risquerait de plonger l'UE dans une nouvelle crise de confiance.

Près de 500 millions d'Européens sont suspendus au vote des trois millions d'électeurs irlandais qui se prononcent, jeudi 13 juin depuis 8h00, heure française, sur le traité simplifié de Lisbonne lors d'un référendum dont le résultat est très incertain malgré la campagne du gouvernement pour le "oui".Le camp du "non" semble avoir gagné du terrain à mesure que se rapprochait l'échéance. Les adversaires du traité, qui est censé remplacer sous une forme simplifiée le projet de constitution rejeté en 2005 par la France et les Pays-Bas, se sont hissés en tête d'un sondage la semaine dernière.

"Je n'y comprends rien"

"Je l'ai lu et je n'y comprends rien", déclare Tony Connell, employé de banque de 42 ans. "Les gens qui votent 'oui' essaient de vous faire voter 'oui' par peur au lieu de vous dire pourquoi il faudrait voter 'oui'."Des 27 Etats de l'UE, qui comptent environ 490 millions d'électeurs, l'Irlande est le seul à soumettre à référendum un texte qui donnerait à l'Union un président du Conseil élu pour un mandat de deux ans et demi renouvelable, un haut représentant pour la politique étrangère disposant d'un service diplomatique étoffé, un système de décision plus démocratique ainsi qu'un rôle accru pour les parlements européen et nationaux.La constitution irlandaise requiert un référendum pour tout sujet amendant la loi fondamentale de l'île. Le vote porte moins sur le texte du traité que sur les changements qui en découlent pour la constitution du pays.La plupart des formations parlementaires, les milieux d'affaires, la confédération des syndicats et un puissant lobby agricole ont fait campagne pour le "oui". Mais ils notent que la complexité du texte a éveillé la méfiance des électeurs.Les adversaires du traité, notamment le parti nationaliste du Sinn Fein, accusent Bruxelles de vouloir faire accepter aux Irlandais une réforme institutionnelle portant atteinte à la démocratie et menaçant leur neutralité militaire traditionnelle.Margaret O'Sullivan, fonctionnaire de 58 ans, confie que les effets bénéfiques de l'adhésion à l'UE la poussent à voter "oui" bien qu'elle ne comprenne pas l'intégralité du document. "Je crois que ce sera très serré, dit-elle. Il fait beau et j'espère qu'il y aura une bonne participation."

Risque de rejet

Les dirigeants européens ont exhorté les Irlandais à ratifier le traité pour éviter de plonger l'UE dans une nouvelle crise de confiance. Mais aux yeux des analystes, les interventions extérieures risquent de provoquer une réaction de rejet chez des Irlandais à l'esprit d'indépendance chatouilleux.Mary Harney, ministre de la Santé, a ainsi invité mardi Bernard Kouchner à s'abstenir de commentaires peu constructifs, le chef de la diplomatie française ayant fait valoir que l'Irlande avait "beaucoup compté sur l'argent de l'Europe" et serait "la première victime d'un non éventuel".Pour l'Irish Times, néanmoins, "un rejet du traité de Lisbonne serait préjudiciable à l'Europe et plus encore à l'Irlande" au moment où celle-ci subit les atteintes d'une baisse du secteur immobilier et de la crise du crédit.Pour neuf des dix économistes de Dublin consultés la semaine dernière par Reuters, le "oui" serait le meilleur garant de la prospérité future en préservant la confiance des investisseurs. Les milieux d'affaires soutiennent massivement le traité.Ses adversaires estiment qu'il permettrait à l'UE de forcer l'Irlande à relever la faible taxation des entreprises, qui a attiré les investisseurs dans le pays et encouragé des groupes comme Google et Yahoo à y établir leurs sièges.Pour Peter Sutherland, ancien procureur général d'Irlande et commissaire européen, une victoire du "non" entraînerait soit la mort du traité, soit une scission entre son pays et d'autres Etats de l'UE qui lui diraient: "Ce n'est pas notre problème, c'est le vôtre, Irlandais, vous devez maintenant trouver une marche à suivre ou nous laisser poursuivre la marche".

La Grande-Bretagne poursuivra son processus de ratification

Quelle que soit l'issue du vote irlandais, la Grande-Bretagne a décidé de poursuivre son propre processus de ratification parlementaire du traité européen de Lisbonne, a indiqué jeudi une source diplomatique britannique à l'AFP.Un examen du traité est programmé la semaine prochaine à la Chambre des Lords, la chambre haute du parlement britannique. Sa ratification avait été approuvée en mars par la Chambre des Communes.Cette mise au point est une réponse aux inquiétudes de certains diplomates européens, qui redoutent qu'un rejet du traité en Irlande n'incite les pays les plus eurosceptiques, comme la Grande-Bretagne ou la République tchèque, à abandonner le processus de ratification parlementaire.

Source : nouvelobs.com
UE : en attendant la présidence française

La France succède à la Slovénie à la présidence de l'Union européenne le 1er juillet pour une période de six mois.
Une présidence qui ne s’annonce pas d’ores et déjà comme une sinécure, avec avant même le passage de relais, la question du Traité institutionnel européen simplifié, dont la ratification dépend du référendum irlandais à ce sujet, l’Irlande étant le seul pays de l’UE à soumettre le texte au scrutin populaire.
Nicolas Sarkozy a de son côté multiplié les contacts avec les membres de l’UE pour préparer sa gouverne, dont le principal objectif est justement la mise en oeuvre de ce traité de Lisbonne, dont il est à l’origine.


L'axe Paris-Berlin

Après avoir tourné la page des « malentendus » avec l’Autriche sur les questions européennes en mai, puis une visite remarqué en Grèce, Nicolas Sarkozy a réaffirmé l’importance de l’axe Paris-Berlin lors de son déplacement en Bavière le 9 juin pour un sommet franco-allemand avec la chancelière Angela Merkel à propos des questions du climat, de l’énergie et de la défense en Europe.La question du traité de Lisbonne n’a d’ailleurs pas manqué de s’inviter à ce sommet de Straubing.

Lors d’une conférence de presse, la chancelière allemande et le chef de l’Etat français ont souligné leur accord sur une réaction commune au résultat du référendum irlandais, quel qu’il soit. Ainsi Angela Merkel déclarait-elle : « vous pouvez prévoir qu'il y aura une réaction franco-allemande commune, quelle que soit l'issue du scrutin ». A Nicolas Sarkozy de confirmer : "C'est aux Irlandais d'en décider. Mais ce que nous avons décidé avec Mme Merkel c'est que, quoi qu'ils se passe, la réaction sera franco-allemande", a-t-il confirmé. "Et quel que soit le choix des Irlandais, il y aura une initiative franco-allemande", a-t-il ajouté.Une position commune qui affirme la solidité du couple franco-allemand qui battait sérieusement de l’aile ces derniers temps.

Ainsi Le Monde daté du 8-9 juin, à la veille du sommet bavarois, faisait des variations sur le thème « je t’aime, moi non plus » : « malgré les efforts répétés des deux côtés, le courant ne passe pas », « Faute de s’aimer, ils se parlent franchement », ou encore, « L’Allemagne n’arrive pas à cerner son homologue français ».L’entente cordiale est toutefois de rigueur et Angela Merkel déclarait au journal local bavarois Strauinger Tagblatt à la veille du sommet bilatéral : « L’Allemagne va soutenir de toutes ses forces la présidence française de l’UE, comme Nicolas Sarkozy a soutenu notre présidence ».

Les objectifs de la présidence française

Lors de son déplacement à Athènes le 6 juin, Nicolas Sarkozy a énuméré devant les parlementaires grecs les priorités de la présidence française de l’UE : « la lutte contre le changement climatique, l'énergie, l'immigration, la défense et la sécurité, l'agriculture".Nicolas Sarkozy a particulièrement insisté devant les députés grecs sur "le pacte européen sur l'asile et l'immigration" qu'il proposera aux 26 autres membres de l'UE. Il a ainsi assuré à Athènes, confronté à un afflux massif d'immigrés en route vers l'Europe de l'ouest, que ce problème était aussi "le problème de la France". Il s'est dit partisan d'un système de garde-frontières européens, vieille revendication grecque, voire d'un système "de navires de garde-côtes communs entre les Français et les Grecs".

Si les points d’accord entre la France et ses partenaires européens sont mis en avant, le bât blesse sur le chapitre fiscal. Ainsi, lors d’une rencontre à Vienne entre la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde et le vice-chancelier autrichien Wilhelm Molterer, elle déclarait que « Sur le dossier TVA nous ne voyons pas à ce stade de marge de manoeuvre pour un accord ».

Les questions de fiscalité doivent être décidées à l'unanimité des 27 Etats membres de l'Union européenne. « Mais il ne faudrait pas que sous prétexte d'unanimité on ne discute pas » sur ce sujet au sein du conseil des ministres de l'Economie et des Finances de l'UE, a ajouté Christine Lagarde.

La Commission européenne a promis de faire d'ici juillet une proposition sur les taux réduits de TVA qui divergent encore selon les Etats membres.Autre sujet fiscal, celui de la TVA sur les carburants. Nicolas Sarkozy avait proposé aux ministres des finances de la zone euro de plafonner la TVA sur les carburants, afin de limiter les effets de la hausse du cours du brut. Proposition rejetée, le premier ministre François Fillon précisant que si certains partenaires sont « réservés », d’autres sont plutôt ouverts » à cette idée.


La question sera remise à l’ordre du jour du prochain Conseil européen, qui rassemble les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 Etats membres, des 19 et 20 juin, à une dizaine de jours de la présidence française.

La question du déficit français

Autre pomme de discorde, le déficit budgétaire français. Alors que Paris s’apprête à prendre la gouverne européenne, la France accuse un déficit budgétaire record qui la désigne comme l’un des plus mauvais élèves des 27, avec l’Italie.Ainsi, fin mai, la Commission européenne rappelait à l’ordre Parissur la question budgétaire en invitant Paris à redoubler d’efforts pour réduire son déficit qui, selon Bruxelles, frise dangereusement la limite autorisée de 3% du PIB (produit intérieur brut).

En avril 2007, les ministres des Finances de l’UE s’étaient engagés a effacer leurs déficits publics en 2010 au plus tard. Mais arrivé au pouvoir le mois suivant, Nicolas Sarkozy obtenait de facto un délai supplémentaire de deux ans, courant jusqu’en 2012, pour la France arguant d’une croissance moins soutenue qu’escomptée.Paris s’était d’autre part fait tapé sur les doigt en août 2007, lors du fameux « paquet fiscal » octroyé par Bercy d’un montant de 15 milliards d’euros, pointant un manque à gagner des finances publics devant faire face à un déficit abyssal.Le président de l’Eurogroup, Jean-Claude Junker est de son côté revenu à la charge début juin, insistant sur le devoir « absolu » des pays de la zone euro de présenter des budgets équilibrés en 2012 visant implicitement la France, par ce rappel à l’ordre.

Depuis, une bataille de chiffre oppose Paris à Bruxelles, Nicolas Sarkozy ayant suggéré à la Commission européenne de réviser ses estimations sur le déficit français, à la suite de bons chiffres de croissance en 2007 et au premier trimestre 2008. « Si l’Insee a revu ses chiffres à la hausse, peut-être que Bruxelles peut aussi s’interroger sur ses chiffres, mais je ne veux pas polémiqué », avait déclaré le chef de l’Etat le 16 juin. « Cela fait 35 ans que la rance présente un budget en déficit, comment voulez-vous qu’en douze mois nous puissions rétablir la totalité des déficits » s’interrogeait le président français.

Coût de la vie et coûts de la main d'oeuvre

La présidence française de l’UE arrive également au moment critique d’une explosion des prix de l’alimentaire. Une crise non pas européenne, mais mondiale.Du lait au pain en passant par l'huile, l'augmentation des prix alimentaires en Europe a atteint au printemps un niveau record. Les denrées alimentaires coûtaient en avril dans l'UE en moyenne 7,1% de plus qu'un an plus tôt, et en mars 7,2%, d'après l'office européen des
statistiques Eurostat. Un taux inédit depuis le début de la collecte de ces données en 1996, et bien davantage que l'inflation globale, qui était de 3,6% en avril et de 3,8% en mars.Les augmentations sont pour certaines très sensibles : les produits laitiers et céréaliers pèsent ainsi, avec la viande, 60% des dépenses alimentaires des ménages. Certains consommateurs européens commencent ainsi à avoir du mal à remplir leur panier, confrontés par exemple à une augmentation de 38,4% du pain et des céréales en Bulgarie, ou de plus de 30% du lait, du fromage et des oeufs en Estonie, en Lettonie ou en Slovénie.En France, moins durement touchée, la hausse atteint quand même 11,1% pour les produits laitiers, 10,3% pour les matières grasses, 6,6% pour le pain et les céréales.La commissaire à l'Agriculture Mariann Fischer Boel voit dans les projets en cours de réforme de la politique agricole commune (PAC) européenne la meilleure réponse à la crise. Elle veut supprimer certaines restrictions à la production comme les quotas laitiers ou la jachère.Cette crise s’accompagne d’une très grande diversité des salaires entre les 27 Etats membres.


Exprimés en euros, le coût horaire moyen de la main-d'oeuvre dans les 27 pays de l'Union européenne atteignait 20,35 euros, selon l'Office européen des statistiques, Eurostat. Cette étude a été réalisée sur la base des chiffres de l'année 2006, derniers disponibles pour la majorité des pays des pays.Tandis que la Suède arrive en tête avec 32,16 euros, devant le Danemark (31,98 euros), le Luxembourg (31,98 euros également) et la Belgique (31,58 euros), quatre pays entrés dans l'UE lors des élargissement à l'Est depuis 2004 ferment la marche: la Bulgarie (1,65 euro), la Roumanie (2,68 euros), la Lettonie (3,41 euros) et la Lituanie (4,21 euros).

La France affiche un coût horaire de 30,31 euros et le Royaume-Uni de 24,47 euros.

vendredi 6 juin 2008

Lettre de Marie-Noëlle Lienemann aux irlandais trois ans après le NON français

Lettre publiée par Marie-Noëlle Lienemann sur son blog

Chers amis irlandais,


Je vous remercie de votre aimable invitation et regrette de ne pouvoir être des vôtres aujourd’hui.J’aurais aimé pouvoir venir débattre avec vous ce 29 mai, trois ans, jours pour jours, après le vote NON de mes concitoyens au référendum sur le projet de constitution européenne et expliquer les raisons qui ont amené des européens convaincus, de gauche, membre du PS français à le refuser.Nous sommes nombreux, à gauche, en Europe et tout particulièrement en France, à espérer que votre peuple votera NON au référendum sur le projet de traité de Lisbonne et que votre refus permettra une réorientation profonde de la construction européenne.
D’abord, soyons clairs, ce traité ressemble comme deux gouttes d’eau à la constitution que les peuples français mais aussi néerlandais ont rejetée. Il est présenté différemment, mais le texte est à quelques nuances près identiques, en particulier sur les points majeurs qui avaient justifié notre NON.
Nous refusons de consolider une certaine idée de la construction européenne, qui progressivement s’impose en s’éloignant des intentions des pères fondateurs de l’Europe, à savoir la constitution d’une vaste zone de libre échange, (sans pouvoir politique et sans arbitrage démocratique, capable de réguler, d’agir sur l’économique, le social, la monnaie) et un espace de concurrence généralisée qui au lieu d’organiser la solidarité entre les pays, les régions et entre les travailleurs, place comme valeur commune essentielle la compétition permanente qui oppose les peuples plutôt que de les unir.
Nous n’acceptions pas de durablement installer l’omnipotence de la Banque centrale Européenne, la plus indépendante du monde, qui décide totalement seule de la politique monétaire, si importante pour notre industrie (surtout pour nos exportations) et notre économie. De surcroît nos n’acceptons pas que le mandat donné à la BCE soit quasi essentiellement la lutte contre l’inflation, négligeant complètement la croissance et l’emploi.
Nous voulions la création d’un gouvernement économique européen capable de peser sur des décisions de la BCE et de mieux coordonner nos politiques au service de la croissance. Rien de tout cela ne s’y retrouve ! C’est même l’inverse !Rien non plus sur les convergences sociales permettant progressivement une harmonisation, vers le haut, des standards sociaux de bases comme le salaire minimum. Rien contre le dumping social et fiscal au sein de l’Union. Le vote à l’unanimité sur la fiscalité constitue un blocage inacceptable ; Il condamne toute action pour une juste répartition des richesses à laquelle la gauche est particulièrement attachée. Cette dissymétrie entre la reconnaissance du dogme de la « concurrence libre et non faussée » posée comme un principe intangible et le refus de tout outil de régulation et de répartition nous prépare un avenir inquiétant avec un accroissement des inégalités et de la pauvreté.

Le texte du traité accroit le libre échangisme sans règle entre l’Union Européenne et le reste du monde en durcissant dans un sens encore ultralibéral le traité de Rome. Il est ajouté (article 10A) au texte initial du traité à la fin de la phrase « l’union contribue à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements directs ainsi qu’à la réduction des barrières douanières » le mot et « autres » ce qui revient à priver l’union de la possibilité de conditionner ses échanges au respect de normes environnementales sou sociales rigoureuses. Chacun voit bien, en particulier pour lutter contre le changement climatique ou dans la mise en place de réglementation pour les produits chimiques que cela constitue un frein considérable car sans ces exigences à nos frontières nos entreprises risquent de refuser des réglementations ambitieuses ou de délocaliser !

Même enjeux sur les services publics qui ne sont en rien défendus et risquent de disparaitre au profit de la concurrence généralisée, cela peut même de concerner la santé !Il est clair que ce nouveau traité tourne le dos à toute perspective d’une Europe plus sociale, plus solidaire et n’accroit pas réellement la démocratisation des institutions permettant aux citoyens de l’Union de mieux se faire entendre.Alors les Irlandais ont entre leurs mains la possibilité d’obliger les institutions européennes à repenser notre avenir commun en des termes nouveaux et un Non venu de votre pays exigerait sans doute que, dans nos Etats, la voix puisse à nouveau être donnée aux citoyens. Sinon les mêmes décideurs qui nous imposent depuis des années des choix anti sociaux et bureaucratiques pourront continuer à faire l’Europe sans les peuples et parfois contre eux.


Marie-Noëlle LIENEMANN

Députée Européenne

Ancienne Ministre

Membre de la direction du Parti Socialiste Français

dimanche 1 juin 2008

Commission européenne - stratégie politique annuelle pour 2009

La Commission a présenté en février 2008 sa stratégie politique annuelle, qui définit ses priorités pour 2009.
Ce document expose les objectifs de la Commission dans cinq domaines prioritaires : la croissance et l'emploi ; le changement climatique et l’Europe durable; la réalisation de la politique commune de l’immigration ; le citoyen d'abord etl’Europe en tant que partenaire mondial. La Commission souhaite également susciter le débat sur le marché intérieur, l’agenda social et le réexamen du budget.
La Commission est convaincue que l’UE doit continuer à privilégier les politiques présentant un intérêt direct pour les citoyens. Des initiatives seront présentées pour leur simplifier la vie lorsqu’ils exercent leur droit à la libre circulation au sein de l'Union ou lorsqu'ils voyagent en dehors de l'UE. La création d’un espace commun de justice se poursuivra, notamment en garantissant la reconnaissance mutuelle des jugements dans l’UE et en améliorant l’accès à la justice pour les citoyens de l’UE.
Dans le domaine de la santé publique, diverses initiatives seront présentées dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie européenne en matière de santé, adoptée en 2007. En outre, la sécurité des patients sera abordée par le biais d’une proposition sur les dispositifs médicaux.
Les critères définis dans des domaines tels que la santé et la sécurité sur le lieu de travail, l’égalité hommes-femmes, la libre circulation des personnes et la lutte contre les discriminations doivent être efficacement appliqués et évalués, et être renouvelés le cas échéant. Parmi les actions clés envisagées en 2009 en matière de santé et de sécurité, trois grands thèmes à retenir :
- Amélioration de la sécurité et de l'efficacité des appareils médicaux dans le marché unique
- Rapport d'étape sur les mesures traitant des risques et avantages potentiels que comportent les nanomatériaux pour la santé humaine et l'environnement
- Poursuite de la mise en oeuvre du règlement REACH, en particulier des nouveaux systèmes d'autorisation et de restriction des substances chimiques hautement préoccupantes.

Pour plus d’informations : http://ec.europa.eu/atwork/synthesis/index_fr.htm