mardi 15 janvier 2008

Traité de Lisbonne : le PS ira au Congrès à Versailles mais s’abstiendra


Les socialistes demanderont ensuite un référendum à l’Assemblée lors du vote sur le traité proprement dit, et voteront la ratification. Les «nonistes» grognent.


Finalement, pas de boycott, mais l’abstention. Le groupe socialiste à l'Assemblée en a décidé ainsi ce midi. Lors du Congrès du Parlement à Versailles, le 4 février, ils s’abstiendront sur la réforme constitutionnelle, préalable nécessaire à la ratification du traité de Lisbonne. Un revirement total sur la position initiale de la direction du parti.

«Nous irons à Versailles et on s'abstiendra», a déclaré le président du groupe Jean-Marc Ayrault, à l'issue de la réunion hebdomadaire du groupe. Il a précisé que «68 députés socialistes présents se sont prononcés pour l'abstention, 30 pour le non et 8 se sont abstenus».

Jean-Marc Ayrault avait lui-même, le 8 janvier, annoncé le boycott du Congrès par les socialistes, provoquant de vives dissensions au sein du parti.

Le premier secrétaire François Hollande, avait lui-même endossé cette position, avant de souligner que les élus socialistes auraient sur cette question la «liberté de conscience».

«J'ai bien vu qu'elle (cette proposition) n'était pas majoritaire et consensuelle» , a reconnu aujourd’hui Jean-Marc Ayrault lors d'un point de presse.

Contortions

Mais s’en tenir là serait trop simple. Les socialistes présenteront ensuite une motion référendaire (pour demander un référendum) lors de l'examen, le 6 février à l'Assemblée nationale, du projet de loi de ratification du traité de Lisbonne proprement dit. Ils voteront cette ratification respectant en cela «la décision majoritaire du PS de ratifier le traité». Vive les contorsions.

«Mon souci, c'était à la fois la cohérence du Parti socialiste et aussi sa cohésion. Nous avons réussi dans le débat de ce matin à dépassionner nos échanges», s'est félicité Jean-Marc Ayrault.

«Le PS a décidé de ratifier ce projet ce qui ne l'empêche pas de réclamer que le peuple français puisse se prononcer», a-t-il résumé.

«Au moment du vote de notre motion référendaire, le 6 février, si elle n'est pas retenue, ce qui est probable vu le rapport de force, c'est la majorité UMP qui prendra la responsabilité de ne pas consulter à nouveau le peuple français par référendum»,

Mais si Jean-Marc Ayrault affirme que son «souci» est la «cohésion» du Parti socialiste, il ne s’est pas privé de dénoncer les «nonistes», partisans de se rendre au congrès pour voter contre la révision.

«Certains pensent que si on rejetait la modification constitutionnelle, cela provoquerait un référendum. C'est inexact. Cela provoquerait une crise profonde qui ne déboucherait sur rien. Le traité de Lisbonne ne pourrait plus être soumis à ratification», a-t-il argumenté. «Nous ne prendrons pas la responsabilité au PS de provoquer une crise en Europe».

Emmanuelli : «Moi, j'irai à Versailles et je voterai non»

«On fait croire qu'il y a une minorité de blocage possible à Versailles, elle n'existe pas politiquement», selon lui, alors que Jean-Luc Mélenchon l’affirme.

Les divisions subsistent quoi qu’il en soit au sein du PS. Des partisans du non - Jean-Luc Mélenchon et Henri Emmanuelli - ont défendu leur position ce matin lors de conférences de presse.

«Moi, j'irai à Versailles et je voterai non», a ainsi déclaré Henri Emmanuelli. S'abstenir, «ça laisse les mains libres à Nicolas Sarkozy» pour que le traité soit ratifié sans que le peuple soit consulté par référendum, selon le député des Landes.

Rappelant que «les trois quarts de l'électorat de gauche et la majorité de l'électorat socialiste s'étaient prononcés pour le non» lors du référendum de 2005, il a déclaré que «la question est de savoir si le PS veut rester en phase avec son électorat».

Henri Emmanuelli a laissé entendre que les partisans d'un référendum à tout prix pourraient ne pas participer au vote sur la ratification du Traité de Lisbonne. «S'il n'y a pas de référendum, aller voter à l'Assemblée n'a plus beaucoup de sens», pour l’ancien président de l’Assemblée nationale. A l’évidence, la question européenne reste une question de discorde pour les socialistes.

Source : Libération 15/01/2007